Food for Thought

Quand le feedback donne du sens

Au fil des dernières années, en travaillant avec des apprenants, j’ai remarqué que le feedback ne vient pas naturellement à tout le monde. Et lorsqu’il vient, il n’est pas toujours formulé de manière constructive. Donner du feedback demande du soin ; notamment un ton approprié et une intention claire de faire évoluer plutôt que de corriger. Lorsque le message est congruent et entendable, c’est presque magique : il est pris en compte et respecté. La communication circule, la confiance se construit, l’apprentissage s’enclenche.
Alors, pourquoi est-ce si difficile ?

Parce qu’il touche à l’humain.
Donner un feedback, c’est oser un moment d’inconfort ; recevoir un feedback, c’est accepter une part de vulnérabilité. Bien souvent, le message n’est pas entendu :

trop direct, mal formulé, ou encore trop flou pour être utile. L’article “The Essential Role of Feedback in Effective Communication” de FasterCapital le rappelle : une communication efficace repose sur des boucles de feedback. Autrement dit, une conversation où l’information circule et s’ajuste — pas une simple transmission à sens unique. Le feedback n’est pas une flèche lancée ; c’est une boucle vivante entre deux personnes. Pour que cette boucle fonctionne, il faut un ingrédient essentiel : le sens.

C’est ce que souligne l’article “Why Feedback Can Make Work More Meaningful” de la Harvard Business Review : le feedback ne sert pas seulement à améliorer la performance — il rend le travail plus significatif. En d’autres termes, un feedback bien formulé ne dit pas seulement « voici ce que tu dois changer » — il dit aussi « voici pourquoi ce que tu fais a de la valeur ».
Et c’est cette reconnaissance-là qui transforme le feedback en motivation et en apprentissage.

D’ailleurs, d’où vient le mot “feedback” ?
Le mot “feedback” vient du monde de l’ingénierie et de la cybernétique, dans les années 1940.
Il décrivait alors un mécanisme de rétroaction : le signal de sortie d’un système qui revient à son entrée pour corriger ou stabiliser le fonctionnement. C’est le principe du gouvernail qui permet de prendre, au fur et à mesure par rétroaction, la bonne direction.
Puis la notion a migré vers la communication, la pédagogie et le management.
Aujourd’hui, le feedback garde cette essence technique — observer, corriger, améliorer — mais il s’est enrichi d’une dimension humaine : écouter, comprendre, grandir.
C’est cette alchimie entre rigueur et bienveillance qui en fait un outil aussi puissant… et aussi délicat à manier.

Le feedback, c’est plus qu’une technique.
C’est un acte de lien : entre deux personnes, entre l’action et le sens, entre le progrès et la reconnaissance.
Quand il est bien formulé, il devient un moteur d’apprentissage, de communication et de transformation.

Sources :

Feedback loops: Feedback in Communication: The Essential Role of Feedback in Effective Communication – FasterCapital

HBR, 2025