Food for Thought

L’IA, opportunité ou menace ?

Depuis le début de notre histoire, dans le cadre de nos réflexions sur l’apprendre à apprendre, il y a une réflexion centrale sur le rôle des outils et de la technologie, en lien avec ceux de l’apprenant et du facilitateur. L’analogie de l’orchestre reste entière :  Quelle est la valeur ajoutée d’un chef d’orchestre (facilitateur) ? Qu’est-ce qu’un musicien (apprenant) peut et ne peut pas faire seul avec la variété d’instruments (outils et technologies) et de partitions (contenu) à sa disposition ? Comment intégrer de nouveaux instruments (outils et technologies) dans l’orchestre ? Lorsque la télévision est arrivée certains pensaient que la radio allait disparaître, et nos bons vœux livres ont toujours une place de choix… Le développement des potentialités de l’IA offre de nouvelles perspectives et nous amène à réfléchir et à réajuster perpétuellement, à l’échelle de nos organisations comme à celle de nos sociétés, l’équilibre au sein de l’orchestre.

Nous savons que nous allons pouvoir confier à l’IA de nombreuses tâches chronophages, ce qui est à la fois selon moi une opportunité et une menace.

L’IA peut nous offrir indirectement l’opportunité de développer notre intelligence émotionnelle et intuitive. Rappelons-nous que la fin de l’hégémonie d’une vision restreinte de l’intelligence, celle qui nous permet de répondre haut la main aux tests de QI – ou pas 😉- n’est que très récente. Howard Gardner, professeur de psychologie américain concepteur de la théorie des intelligences multiples, est l’un des 1ers à l’avoir remise en cause… nous étions dans les années 80 ! Il identifie alors parmi les différentes formes d’intelligence deux formes d’intelligences « personnelles » directement liées à la compréhension de la nature humaine, l’intelligence interpersonnelle et l’intelligence intrapersonnelle. Il estime par ailleurs que ces aptitudes sont essentielles pour trouver son épanouissement et son chemin de vie…

Cette théorie donnera naissance au courant de « l’intelligence émotionnelle ». C’est le psychologue et journaliste scientifique américain Daniel Goleman qui popularise cette notion, avec son best-seller mondial L’Intelligence Emotionnelle. L’un de ses messages clés est que nos émotions nous guident vers la bonne décision, et plus rapidement que l’esprit rationnel, pour peu qu’on les laisse s’exprimer sans les laisser nous envahir.

Dans la lignée de l’intelligence émotionnelle, l’intuition, thème de recherche des neurosciences, est la marque de l’intelligence de notre inconscient et recoupe plusieurs aptitudes, d’une part des aptitudes liées à la conscience de soi et d’autre part des aptitudes liées à la conscience des autres…les clés de voûte du Miroir de mon modèle MMAPPER.

J’ai eu il y a quelques années le privilège de rencontrer Stephen Karpman psychiatre américain héritier d’Eric Berne rendu célèbre pour son triangle dramatique. En petit comité dans nos bureaux parisiens, j’ai eu ce soir-là la chance de découvrir l’extra-ordinaire potentiel de ma propre intelligence intuitive…

La menace principale selon moi est de ne plus savoir faire le cheminement d’apprentissage logico-déductif qui nous permet de savoir faire tant de choses aujourd’hui. Ceci pourrait nous amener à moins stimuler notre QI et ainsi devenir dépendants de la technologie. Aussi, nous savons que pour qu’un projet ait de la valeur il faut qu’il y ait eu un chemin. Cette menace est notamment évoquée dans la docusérie AI at Work de Samuel Durand.

Pour conclure selon moi nos défis de demain en lien avec le développement de l’IA sont multiples :

  • Faire l’effort de prendre régulièrement de la hauteur afin de définir la juste place de l’homme & de la machine
  • Oser développer notre intelligence émotionnelle et intuitive
  • Continuer à cultiver notre QI.

Je suis aujourd’hui inquiet de constater que nombre de collectifs continuent de se surfocaliser sur la productivité et sont aussi en perdition sur la communication…

Je continue pourtant de croire dans le potentiel de l’homme et de l’intelligence collective – qui j’ose espérer demeurera toujours plus puissante que l’IA – et poursuit mes accompagnements d’équipe avec la même passion qu’au 1er jour.

Cultivons la relation entre les Hommes plutôt que les connexions entre l’Homme et la Machine.